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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 11:34
     Ces générations d'avant, auxquelles naturellement j'appartiens, vous avez vite fait, vous les plus jeunes et les tout jeunes, de les affubler d'une étiquette catégorielle qui ne leur laisse pas en mener large. PPWE, par exemple : ça a l'air d'une variation sur le thème PPDA, eh bien non, ça veut dire "Passera pas le week-end" - c'est clair, c'est net. "PSLC" n'est guère plus encourageant : "Pratiquement sous les chrysanthèmes". Quant à "UPDLT", ça se lit tout seul tant ça coule de source : "Un pied dans la tombe". Il n'y a guère peut-être que "DEAF", sans doute moins employé, qui pourrait poser problème : "Déjà écroulé au fossé". Vous le constatez, ce sont là des variations poétiques sur un thème constant - le thème sur lequel tout individu doué d'un peu de cervelle se doit de se pencher un jour ou l'autre. La spécificité de ces expressions-sigles est cependant de s'appliquer à l'âge d'or, autrement dit d'un âge qu'on est encore loin d'atteindre quand on les formule, donc des atteintes duquel on se croit quelque peu protégé. Mais mes belins-belines, ça viendra aussi pour vous, l'âge d'or! Ne vous impatientez pas, vous aurez votre tour. Au passage, je voudrais vous dire, en confession, que pratiquement tout le mal qui va vous tomber dessus dans ce qui vous reste à vivre vient probablement de ces générations d'avant, qui ont tout fait mal fait tout laissé faire et continuent allègrement , dans la mesure où des gens capables de faire bien continuent à faire mal en notre nom à tous. Je pense à ce qu'a dit une femme un jour à la télévision : elle allait devant le consulat d'Argentine au moment des disparitions en masse,  elle y allait tous les soirs, avec d'autres qui comme elles n'avaient aucun pouvoir , elles portaient toutes une bougie allumée, c'est tout ce que je peux faire, disait-elle, je voudrais au moins pouvoir répondre ça quand ma fille me demandera plus tard: "Et qu'est-ce que tu faisais, toi? tu laissais faire?" . La tonalité est sombre aujourd'hui. Oui, les générations d'avant sont responsables et le gâchis qu'elles ont laissé n'a probablement pas de remède. Mais si vous ne voulez pas avoir ce lourd bilan à transmettre, quand vous en serez à penser fossé, chrysanthèmes et tombe, trouvez-vous une petite chose à laquelle essayer de remédier : un village d'Afrique ou de Bosnie à reconstruire, à alimenter en eau potable, à doter de chèvres laitières, de poules pondeuses ou de ruches - juste une petite chose, mais faites -la comme il faut, en poussant à la roue jusqu'au bout. Je suis sûre que mes chats m'approuveraient de vous pousser dns cette voie. A demain, on parlera peut-être théâtre ou roman, pourquoi pas?

                                                                                                                    Lucette DESVIGNES.
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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 17:53

     Si vous vous rappelez quelque peu nos premiers entretiens - aux alentours de la première cinquantaine, c'est vous dire si c'est déjà lointain - je vous avais fait remarquer qu'on n'était pas, mais absolument pas obligé, quand on est écrvivain, de faire le portrait d'un indiviodu dès qu'il apparaît sous votre plume. La raison? Toute simple, toute logique : c'est que l'individu en face de lui ne le regarde que banalement, sans s'y attarder - sauf si c'est Marilyn Monroe naturellement, mais je n'ai jamais écrit de roman où Marilyn Monroe apparaissait (j'aurais peut-être dû, ça m'aurait sans doute mieux fait connaître). C'est au fur et à mesure de la croissance de l'attention que le second individu est amené à regarder le premier, surtout si c'est une femme. Alors les éléments de la physionomie peuvent être passés en revue - pas forcément comme chez Balzac, je vous assure qu'on peut faire autrement - et c'est beaucoup mieux, plus vrai , plus vivant, quand cela correspond à la découverte par petits morceaux. Jje vous avais parlé par exemple des yeux de Leni, semblables à ceux de la Mère : c'est pour cette raison que Wollef s'y attache, établissant des comparaisons, c'est après seulement qu'il remarque les taches de son, il les voit sur son  visage, sur son cou. On attendra avant de voir sous son bonnet la couleur de ses cheveux, comme Jeanne attendra (avec nous) de voir que M. Barandelle est grand (parce qu'il se lève), brun, frisé (parce qu'il ôte son chapeau). Je mélange un peu ici les mâles et les femelles dans mes exemples, mais ils relèvent tous de la même discipline : ne pas infliger la descritption d'un visage dès qu'on vous présente un personnage. Il peut y avoir un élément qui frappe au passage : le nez rouge de la factrice, le vilain chignon de la concierge, les dents de devant écartées de la boulangère - si vous les remarquez, alors qu'on les note; sinon, à quoi bon? Enfin mes belins-belines c'est ma théorie à moi. Et il y a suffisamment d'écrivains grands  ou petits qui continuent à décrire les visages pour que vous trouviez facilement votre bonheur en dehors de moi. Je voulais seulement vous signaler que dans ma toute dernière nouvelle ("La Thébaïde", 37 pages serrées et grand format, ça fait du monde), dans un tête-à-tête passé-présent entre anciens amants qui se demandent s'ils vont pouvoir remettre ça vingt-cinq ans plus tard, pas la moindre indication de couleurs d'yeux ou de cheveux; on sait que l'homme doit être grand et bien bâti (seule allusion : son torse épanoui dans la piscine) et que la femme est restée belle (oui, juste ces deux mots : restée belle). Je vous assure que je n'avais rien combiné, c'est en relisant que je viens de découvrir que chaque lecteur peut se représenter la femme comme il en a envie. Pourquoi non? J'en suis bien réduite, moi, à imaginer vos chats! A demain.

 

                                                                                                                  Lucette DESVIGNES.

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 11:29
Une fois de plus, n'interprétez pas trop vite les titres que je vous offre (et, d'après les conseils donnés pour que les blogs soient mieux visibles et donc mieux suivis, qu'ils correspondent bien à leur contenu - vous pourrriez des fois être surpris). Vous pourriez facilement vous imaginer que je veux faire concurrence à Bergmann, avec ses bonnes femmes, leur passé, leurs secrets, leur souffrance, leur quête d'individualité : pas du tout, c'est déjà bien suffisant quand on se farcit un de ses films, je n'ai jamais eu envie d'en rajouter. Et puis avec Bergmann les visages ne quittent jamais l'écran, presque toujours en gros plan,  et toujours les mêmes femmes, alors forcément on peut confondre (bien que ce ne soit pas une obligation : avec Clint vous vous y retrouvez toujours par exemple - et je ne cite que lui parce qu'aujourd'hui je ne suis pas d'humeur à cinéma). Non, les visages des femmes ne sont pas évidents seulement sur l'écran. Et le roman alors? Depuis  Balzac c'est aussi un must de décrire les femmes (les hommes aussi d'ailleurs, anciens coiffeurs, curés de Tours, pères Goriots ou Grandets ou colonels Chaberts) du retrait du menton à la racine des cheveux, avec minutie, comme une maquilleuse d'avant le passage à la télé qui ne laisse aucun pouce carré de peau où son gros pinceau ne passe ou repasse. Heureusement ce sens de l'obligatoire a peu à peu perdu de son poids, jusqu'à se faire envoyer à Cayenne avec perte et fracas. Déjà avec Maurois ou Mauriac on sentait l'embarras    devant le portrait à faire, mais ils ne savaient pas encore comment s'en passer. Le nouveau roman a fixé les nouvelles règles, sur fond de dérèglement absolu : pourquoi évoquer un visage de personnage quand le personnag disparaît,  dites un peu? Avec "Marienbad" vous pouvez être hantés par le visage et la respiration asthmatique de Delphine Seyrig ou de Sacha Pitoeff avec son ton cassant, mais vous ne pourrez pas les rattacher à un  personnage - racontez moi un peu ce qu'ils font à part jouer avec des allumettes, allez, là, tout de suite, sans réfléchir? Supprimer l'histoire à raconter, supprimer les personnages à montrer ou écouter, donner toute la place aux choses, à l'incertitude, au flou, au fait ou non fait... On aime ou on n'aime pas, comme on aime ou on n'aime pas la peinture abstraite ou la musique de Schônberg. Pas la peine que je vous dise que j'aime, ça se devine sans erreur. Et j'y reviendrai, bou diou, j'y reviendrai!  Aujourd'hui seulement,  simple préparation aux personnages sans visages. Je vous en offrirai toute une galerie demain. Comme pour le sourire du chat du Cheshire. Préparez-vous.

                                                                                                        Lucette DESVIGNES.
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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 15:04
     Je vous ai annoncé du grain à moudre, hier. Je sais bien que c'est dimanche aujourd'hui, mais tout de même il me faut bien penser à ceux qui, éloignés  sagement des bouchons routiers,  ont décidé de flâner chez eux, bien tranquilles, du canapé au divan et de leur ordi à la télé (cette dernière en désespoir de cause naturellement, histoire, disons,   de savoir si Sarko est toujours pétulant et pétaradant et de voir si le beau temps se maintiendra pour demain, avec comme principe de base que  si les demoiselles de la météo vous effrayent de leurs pronostics sinistres,  partez tranquilles à la pêche aux écrevisses, comme dirait ce cher valet Matti de Maître Puntila, c'est qu'il va encore faire beau). Comment! vous ne connaissez ni le valet ni le maître? Mais ce n'est plus un moulin à grain qu'il me faut pour vous, mes pauvres belines-belines, c'est tout simplement un moulin à pastèques!  Brecht, mes belins, Brecht, mes belines. Le seul génie du théâtre du 20ème siècle, si apprécié en temps d'affirmation de soi-même, d'où la tendance à le laisser tomber dans l'univers présent où seuls les nombrils ont quelque semblant d'intérêt. Avec Brecht se brassaient les grands problèmes, l'égalité des classes, la montée du nazisme, l'impossibilité de faire coïncider la compassion pour l'humain et la rigueur de l'ordre... Et sur le plan du théâtre, quel maître! Qui d'autre était capable d'associer le sens shakespearien du chaos du monde et le sens de la tragédie personnelle des Anciens, en enseignant qui plus est la distanciation dans le jeu des acteurs et dans la conception dramaturgique? Chaque fois que je l'ai pu, j'ai mis une pièce de Brecht à mes programmes de licence. Et je vous étonnerais bien si je vous disais que Maître Puntila et son valet Matti, précisément, sont inspirés de "LimeLights" de Charlie Chaplin : mais aucun rapport! direz-vous au saut du lit (c'est-à-dire pas encore bien réveillés, mes belins)... Pourtant regardez - y à deux fois, mes belines, vous qui êtes plus fines (pardon, les garçons, il n'y a que la vérité qui fâche), je suis sûre que vous trouverez les premières. Un maître, je vous dis,  qui inventait tout sur le théâtre en travaillant sur tous les dramaturges d'avant lui - un peu comme Cocteau réinventait tout du cinéma, avec "la Belle et la Bête" en autodidacte inspiré depuis "Le Sang d'un Poète" ou "Le Chien andalou". Dame! Il faut parfois se cramponner - avec Cocteau comme avec Brecht (mais qui donc ne s'est pas cramponné avec Eschyle ou Sophocle?).  Au fond, mes belins-belines, il faut se cramponner donc s'appliquer, passer par-dessus les premières difficultés du contact, pour arriver à jouir pleinement dans leurs pompes et dans leurs oeuvres de tous ces grands que je vous ai cités aujourd'hui. Ne vous contentez pas du grain que je vous donne, moulez pour votre compte, vous verrez comme vous vous sentirez fiers de vous. Je vous parlerai demain des visages des personnages, roman donc et non plus théâtre, on alterne, c'est bien, non? Ne parlez pas de Brecht à vos chats, ils seraient trop malheureux d'apprendre qu'on ne les autoriserait pas à entrer au théâtre. Contentez vous de les câliner, ils aimeront aussi.
                                                                                       Lucette DESVIGNES.
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 23:27
     Je ne suis pas très fière de moi ce soir, mes belins-belines. Vous voyez à quelle heure je me consacre à vous? Pour un peu la date aurait déjà changé, et, honte à moi, j'aurais laissé passer ce 25 juillet sans ma page habituelle à vous dédiée. Moi qui déjà, en vous annonçant sérieusement des sujets d'étude, passe carrément à autre chose si au dernier moment la fantaisie m'en prend, vous auriez de bonnes raisons de ne pas trop me faire confiance. Mais si en plus, après vous avoir à cor et à cri parlé de la deux-centième (tout juste si je ne faisais pas la quête pour recevoir de vous quelque chose en plus des compliments que je m'adresse toute seule), je vous fais faux-bond comme d'un claquement de doigt, alors alors ce sera ma fin, je serai déboulonnée de mon piédestal, vous vous détournerez de moi, tout simplement vous ne vous brancherez plus sur mon blog. Vous y gagnerez un peu de temps (pas grand-chose, en vérité : quelques minutes tout au plus, d'où à première vue l'impression d'une bonne affaire pour vous), et pourtant vous serez privés de ce frisson délicieux d'attente impatiente qui vous saisit tous les matins en ouvrant votre blog : qu'est-ce qu'elle nous a encore concocté aujourd'hui? Cela va encore être une de ces idées farfelues avec lesquelles elle nous roule dan s la moutarde (Dijon oblige). A propos de moutarde, cela me rappelle mes premiers contacts avec le Canada, il y a bien longtemps. Ca se passait au-dessus de l'Irlande je pense, d'"après l'horaire : nous allions commencer le lunch, et une jeune hôtesse s'empressait autour de moi  : je crois qu'elle en était à sa première expérience de linguistique et je ne l'impressionnais pas autant que les messieurs autour de moi. C'est donc sur moi le cobaye choisi qu'elle vient faire ses vocalises. Imaginez l'accent britannique le plus prononcé qui soit tout en disant des phrases françaises. Et maintenant voici le texte (prononcez le comme il faut, please:) : "Voulez-vous avoir un petit moutard?" Je n'invente rien.   J'allais lui répondre mélancoliquement que j'avais déjà passé le temps de la gaudriole lorsque je compris qu'elle me demandais si je voulais avoir un peu de mouitarde. J'ai pu répondre sans me faire remarquer., mais c'était tout juste. A demain, bonsoir tout le monde, j'aurais du grain à moudre pour vous demain en votre compagnie.
                                                                                                                 Lucette DESVIGNES.
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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 10:01
     Je vous avais tenus au courant, mes belins-belines, de mes angoisses et interrogations à propos de la première mention, trouvée dans les parages de mon fonctionnement blogueur quotidien, d'un blogrank au nom barbare affecté d'un chiffre menaçant, puisque  normalement après 12 vient 13 et que cela eût pu faire fuir de ma fréquentation les superstitieux surfant dans mes eaux. Après l'angoisse était venu l'apaisement : le 13 évité puis dépassé semblait s'éloigner dans les ténèbres douteuses du passé. Une fois    le 16 voire le 18 atteints un jour, je croyais pouvoir me reposer sur des lauriers en train de pousser timidement leurs branchages au-dessus de ma tête. Las, mes belins! Las, mes belines! Grandeur et décadence! Comme la roche tarpéienne est proche du Capitole! dirait savamment notre nouveau ministre de la culture. Pour ce qui me concerne, me revoilà dégringolée, je perds deux points comme à la bourse (mais à la bourse j'ai perdu plus que deux points, je vous l'avoue). Ici tout de même, je devrais progresser, piano mais lontano  et sano comme on dit dans les cuisines où se mijote la bolognaise dans les vapeurs de spaghetti. Eh bien non, je ne progresse pas. Je compte évidemment que beaucoup de mes fans sont partis en vacances, je les vois mal sur la plage se concentrant sur les personnages ou la climatologie de l'écriture romanesque. Et puis, après 205 séances, ils ont bien besoin de souffler un peu, je le conçois aisément. Un cheval s'ébroue longuement après avoir sué et soufflé "dans un chemin montant, sablonneux, malaisé" : pourquoi pas eux, pauvrets? Oh ce n'est pas à eux que j'en veux, croyez-le bien. C'est au Big Brother tapi dans l'ombre de mon blog, qui compte les appels, qui établit des statistiques. J'aimerais bien lui dire deux mots, à celui-là : qui d'abord lui a donné le droit de surveiller mes conversations? de numéroter mes ouailles? et surtout de me harponner d'un ton sévère, retranché derrière sa fonction officielle, donc sans la moindre compassion dans la voix, sans le moindre encouragement? Il pourrait au moins me dire, d'un petit air gentil et en choisissant ses termes (il devrait savoir que les mots comptent, pour moi, palsambleu!), qu'avec un petit effort je pourrais faire mieux la prochaine fois, que le beau temps d'été incite les gens à fermer leurs outils électroniques pour aller au muguet ou aux cerises, quelque chose de gentil, quoi! Mais non! La sentence tombe comme un couperet : je ne suis plus à 18, je suis à 16 puis à 15, ça baisse, ça baisse! Comment voulez-vous que je garde la confiance que Big Brother semble tout de même me conserver? Donnez-moi votre avis, vous les  fidèles, les tenaces, les sédentaires non partis sur les routes embouteillées. Cela vous coûte donc tellement de passer me dire bonjour dans la journée? A demain : je n'ose même plus vous le dire d'un ton de commandement. Bises et bisous, si cela peut vous attendrir.

                                                                                                   Lucette DESVIGNES
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 17:50
     Avec le vent qui souffle en tempête en effet, je me demande s'il ne serait pas approprié de vous parler de la climatologie, non point celle du quotidien que nous écoutons d'une oreille distraite et qui si peu souvent correspond à la réalité, mais bel et bien celle dont il peut être fait usage dans l'écriture romanesque. Là, certes, on a toute liberté de manoeuvre. On peut décrire les sons, les lumières, les mouvements, les couleurs : c'est comme pour un peintre, il faut de l'instinct pour fixer le vent sur sa toile. Vous avez déjà vu les arbres de Corot sous la tempête? On n'a jamais fait mieux. Pour en revenir à l'écriture - tout de même, oui... - il ne s'agit pas de décrire, comme on vous le faisait faire si innocemment à l'école primaire (décrivez un jour de pluie, ou encore : vous vous êtes déjà trouvé(e) pris(e) dans le brouillard,  à pied ou en voiture ; décrivez) ou au collège puis au lycée, où les niveaux grimpaient mine de rien sans que l'entreprise devînt jamais tellement palpitante, n'est-ce pas?. C'est parce que malgré vous vous vous raccrochiez (non, je ne bégaie pas, comptez toutes les pattes, il y a ce qu'il faut, rien de moins rien de plus)  à des cadres, des formules, des musts ( ici aussi, ce pluriel à la française, c'est devenu un must) qui vous empêchaient de trouver au fond de vous la note juste du souvenir vécu et toujours vivace. Dans le roman du XIXème - je fais vite : on pourrait distinguer, établir des catégories - l'utilisation de l'atmosphère est liée à un développement imminent. C'est comme quand vous arrivez au bord d'une falaise, vous êtes bien obligés de vous arrêter, devant vous il y a la mer. Dans les romans du XIXème, au lieu de la mer, il y a le déroulement de l'histoire, qui prend un nouvel aspect pendant que l'atmosphère évolue. On s'est arrêté, comme au bord de la falaise; on, ce sont les couples qui vont se faire ou se défaire, et qui avant de passer à une conscience précise de leur mutation affective sont comme en attente, comme s'ils attendaient du temps une incitation, un frein, un example. C'est pourquoi vous avez ces monuments que sont les descriptions de champs sous le soleil, ou de campagne sous une brutale averse. C'est la scène à faire, et en général elle est faite de manière magistrale,  voyez Flaubert, voyez Zola, voyez même Balzac. Tout de même, il y a quelque chose de convenu dans cette fabriication exemplaire : cadrage, disposition des éléments autour des personnages, rattachement des uns aux autres, éventuellement dynamisme à l'intérieur de cette immobilité. Dès que vous essayez d'imaginer ce que les personnages éprouvent par eux-mêmes sans passer par le truchement de l'écrivain - obligatoire autrefois, encombrant selon moi - tout change. La pluie, la neige, le brouillard, le soleil, le vent... il faut les retrouver sans les phrases, directement, sans intermédiaire - et c'est alors que les phrases viendront s'installer, toute seules.... Dites-moi bien, là encore, si vous avez envie de décrocher : mon blogrank est de 16, nuance Confiance, mais je suis sûre qu'on ne me compte pas tout mon monde. Un de ces jours je vis demander des explications. A demain, bises aux chats.

                                                                                                       Lucette DESVIGNES.  
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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 21:19

     Mes belins-belines (j'entends dire là-bas au fond de la classe "Méfiance! Quand elle commence par des        tons mielleux,    qu'est-ce qu'elle ne nous mijote pas encore!") mes belins-belines, sans me laisser impressionner ni bouleverser jusques au fond de l'âme par quelques rumeurs malignes, je vous signale qu'au jourd'hui je ne peux moins faire que de vous parler du personnage. Figurez-vous que je viens de lire un article qui porte sur le langage de mes personnages, précisément : comment voulez-vous que je m'abstraie? On avait déjà, il y a longtemps, attiré mon attention sur le langage des yeux dont je confiais à mes divers personnages, hommes ou femmes, une pratique incessante, et c'est bien vrai que très souvent chez moi, là où le non-dit m'apparaît comme un supplément d'intérêt pour le lecteur qui ainsi partage avec moi, au plus près, les émotions de la créativité, les yeux remplacent les paroles. On a un peu, m'a-t-on déjà dit, l'impression en me lisant  qu'on voit mes personnages comme au cinéma, gros plans, yeux remplissant tout l'écran, relief de la bouche etc. Tant mieux si c'est vrai, car le cinéma est pour moi un art majeur; et je serais heureuse d'en avoir été imprégnée par la dévotion  de toute une vie à cet art (qu'on dit septième parce qu'il est arrivé après les autres, tout simplement et sans autre raison) au point d'en avoir adopté une teinture pour mon écriture, et cela sans le vouloir à tout prix, naturellement. Eh bien il paraît que le regard n'est pas seul chez moi à traduire ce qui se trame au fond de mes personnages, tout au fond, là où il est si difficile de faire sortir les mots pour établir la communication avec les autres. Non, le corps est de la partie. Les mains, les bras, les attitudes qui trahissent l'humilité ou la provocation, l'abandon ou l'exaspération, les dos, aussi, qui cachent les visages mais ont leur éloquence particulière si on veut bien lire en tendant l'oreille... Cette importance accordée aux dos - et dont je ne m'étais pas avisée auparavant - me fait penser à des commentaires de critiques de cinéma, à propos précisément de la "présence" des dos : quand on voit un acteur de dos, un grand bien sûr, un de ceux qu'on reconnaît sans erreur - un Gary Cooper, un Cary Grant, un Marlon Brando, un John Wayne, un Clint Eastwood - c'est un hommage non seulement à son beau physique mais encore et surtout à son métier. Et dans ce petit festival de dos d'acteurs qu'on montrait, devinez à qui revenait la palme? J'en frémissais de joie parce que j'avais deviné : Mitchum, mes belins-belines, Robert Mitchum, le plus grand, le dos le plus éloquent! J'étais bien d'avis, même si tous les autres que j'ai cités ont aussi des dos qui savent parler. Et quand vous avez vu le dos,  impssible de ne pas imaginer le visage avec l'expression qui correspond exactement à la présence dorsale . On continuera demain. Si c'est trop difficile déjà dites-le moi, je mettrai la barre un peu moins haut. Bises aux chats.

                                                                                                           Lucette DESVIGNES.

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 10:55
     En vérité, c'est "Avançons, avançons!" que je voulais choisir comme titre pour aujourd'hui, mais j'avoue que l'absence de cédille me gêne, et par deux fois... Mais l'idée reste la même : nous ne faisons que piétiner depuis quelque temps - tiens, disons, depuis mon retour des Amériques. Ce n'est certainement pas ma faute : vous savez comme je me donne à ce qui au départ n'était que timide essai et puis qui est devenu au cours des semaines un must indispensable (il devrait bien l'être pour votre culture, mais comment puis-je le vérifier? En tout cas il l'est pour moi : si je ne suis pas campée sur mon engin dès les aurores, avant la tombée de la nuit je me serai quand même exécutée). Et quand je me penche sur ce que je vous ai apporté depuis mon retour, je ne suis pas très fière de moi. Où en sont les projets de théâtre, de littérature, d'écriture? A peine si j'ai pu vous glisser un mot ou deux de Giraudoux. Et j'ai même l'impression que mes savants discours sur les biotopes, sur les personnages, sur le regroupement des forces dramatiques, c'est bien lointain. A tel point que des passionnés de la chose, récoltés juste au passage quelque jour, se sont peut-être vite détournés de moi puisque les "La suite au prochain numéro" ne correspondaient pas à grand-chose.Je vous promets que ça va changer, si vous êtes en attente d'une rigueur plus grande. Ce sera facile, vous savez, je ne manque ni de fermeté ni de suite dans les idées. Mais que voulez-vous! Le téléphone, les chats, le courrier, rele téléphone, reles minets... Les repas ont disparu de mes horaires : avec la chaleur de toute façon une ou deux tomates, un peu de concombre, un oeuf  brouillé (je dis un oeuf pour faire dans le misérabilisme, mais en réalité il faut au moins deux oeufs pour pouvoir les brouiller, donc disons honnêtement deux oeufs brouillés et un peu de fromage : je vais pouvoir faire des économies de gaz, avec les augmentations-retards annoncées, puis désavouées mais qui finalement vont nous tomber dessus comme il faut. Une fois qu'on a vu la représentation de notre ministresse de l'économie concernant les efforts qu'elle a su déployer pour empêcher nos livrets A (le vôtre, le mien) de ne rapporter que 0,25%, on peut espérer qu'elle s'opposera à l'augmentation du gaz avec la même fermeté et le même discernement. En attendant, moi je me méfie. Vive la salade de tomates ou de concombres, vive le fromage! C'est bien dommage que je ne puisse pas enrôler mes minous sous ma bannière frugale, mais ils s'y refusent absolument. A demain.
                                                           
                                                                                                   Lucette DESVIGNES.
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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 17:31
     Vous devez tous certainement être des experts en informatique, puisque cet engin s'appelle comme ça. Donc vous savez parfaitement vous servir de toutes les possibilités mises à votre disposition et je vous envie. Mais je me demande des fois si vous ne vous posez pas des questions à propos de ces barres d'outils si fournies qui finalement occupent les trois quarts de l'espace dévolu aux lettres et aux phrases. J'appelle tout ça barres d'outils, indifféremment : en réalité chaque ligne doit avoir son appellation, on apprend ça tout au début, la barre d'outils, la barre d'état, il doit bien y en avoir encore une ou deux que ma foi j'ai bien oubliées mais m'ont-elles jamais servi? En tout cas il m'a fallu déjà bien du temps pour comprendre le sens de tous ces petits dessins. Vous savez que sur mon aspirateur (heureusement que ce n'est pas moi qui m'en sers, mais tout de même si je devais le faire, hein?) je ne comprends pas les dessins pour femmes de ménage portugaises ou espagnoles d'il y a cinquante ans, des pictogrammes ça s'appelle, c'est fait en principe pour remplacer la lecture, mais ça me plonge dans des abîmes de perplexité sans solution possible. Et nantie de cette disposition navrante, vous me voyez anonnant pour éclaircir le sens de tous ces outils présentés (qu'ils nous disent!) de façon suggestive. Moi ça me suggère rien la plupart du temps... Pour ne pas aller chercher midi à quatorze heures, je me penche sur les arcanes  des huis petits croquis ornant le fronton de ma page d'écriture. Une petite maison bleue et blanche  - qu'est-ce que j'en fais? Puis (je les prends dans l'ordre) un éventail dans un petit carré - qu'est-ce que j'en fais? Après,  celui qui ressemble à un ancien poste de TSF (pardon mes belins-belines des générations nouvelles, vous ne devez pas savoir ce que je raconte là, je n'invente pourtant rien je vous l'assure), je sais à quoi il sert, c'est pour imprimer ma ponte journalière, puisque j'en suis au-delà de la deux centième page, vous imaginez bien quand même que je sais m'en servir, même si on a dû me montrer plusieurs fois; ça imprime si vous avez bien branché votre imprimante. Ensuite une page (ça n'était vraiment pas la peine d'écrire à coté ce que c'était , tout le monde a compris, une page, oui, avec ce qui ressemble à un crayon, mais qu'est-ce qu'on en fait?). Puis une pièce de ferraille, une rondelle, une roue dentée oui je vois bien, mais c'est pour plombiers, ça, ça n'est pas pour moi - et là encore, qu'on prenne la peine d'écrire qu'il s'agit d'outils, c'est vraiment perdre son temps et sa peine. Après, un point d'interrogation : ça je connais, vous savez, mais qu'est-ce que j'en fais, vous pouvez me le dire? Est-ce que je vais y trouver les réponses à toutes mes interrogations? Ensuite ça devient de plus en plus mystérieux : on croit que c'est un K, mais non, il y a une flèche au bout (vous pouvez constater que j'ai encore toutes mes facultés, je vois cette flèche dans le bas à droite, mais à quoi ça me sert de la voir, hein?) Et puis tout au bout un tourbillon vert d'eau, ce serait peut-être le plus décoratif de toute la ligne, mais qu'est-ce que j'en fais? Inutile de vous dire que si je me mettais en devoir de vous interroger sur la ligne qui décore mon texte un peu plus haut, vous sauriez faire, vous? Ajouter une video, Ajouter une musique, Ajouter un lien, Supprimer un lien ... et puis juste en dessous une poussière de tout petits dessins incompréhensibles,à part les ciseaux, ça je sais, mais ces valises jaunes? Et ce soleil qui se moque de moi? J'aime mieux abandonner la lutte pour ce soir. A demain, ça ira peut-être mieux.
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