Le blog de lucette desvignes

UNE JOURNEE EN GERIATRIE

²         Pédiatrie, ça n'est déjà pas bien joli pour l'oreille. Que dire alors de gériatrie, terme privé en outre de ce fugace reflet de jeunesse que pédalo apporte à pédiatrie? J'y allais tête basse, à ce rendez-vous : on m'y analyserait sous toutes les coutures, il était donc assuré qu'ici ou là on en trouverait qui auraient lâché, par usure. Et qu'on me mette le doigt là où ça faisait mal n'était pas trop à mon goût. Or la journée s'est déroulée dans une telle atmosphère de confiance chaleureuse que je croyais presque retrouver la tendresse de mon  cocon personnel, celui que l'attention et l'affection tissent sans faille autour de moi en protection maximale. Je n'avais pas de crainte pour la mémoire : ce matin encore je peux vous citer musée limonade sauterelle passoire camion qu'il fallait ne pas avoir oubliés, dans l'ordre ou le désordre, après divers petits jeux destinés à compliquer les choses. L'équilibre m'angoissait davantage : or j'ai passé les tests brillamment, même les yeux fermés (alors expliquez-moi pourquoi j'ai traversé cette sinistre période de chutes et d'effondrement?). La sympathie de l'entretien de plus d'une heure, après auscultation, avec ce jeune médecin aussi jolie que délicate m'a révélé qu'elle se posait bien, elle aussi, la question et qu'elle voulait lui trouver réponse : quel réconfort qu'on se soucie à fond de vos problèmes! Bref j'aurais presque tendance à dire que cette journée en gériatrie m'a fait l'effet  d'une promenade à Sainte-Jouvence...

HONTE AU DANEMARK!

          Eh!bien dites donc, ce Danemark! Qui l'eût dit? qui l'eût cru? Qu'il fût pareil faux cul? Ce Danemark qui faisait plutôt figure de référent moral, digne dans ses comportements, respectueux avant tout de la loi... En face du fric, que voulez-vous... Mais finalement, quel fric? Car les manteaux de vison n'ont plus cours comme chez les stars et les prostituées des années 50, et soixante (ou trente, je ne sais plus) millions de visons encagés cela ferait vraiment beaucoup de manteaux. L'huile de vison, alors - pharmacie, cosmétiques...? Mais pourquoi ce silence, ces cachotteries sur ces monstrueux élevages découverts par hasard? Alors que la fourrure est pratiquement bannie par entente entre les états, que les ligues de protection animale tendent à se faire entendre de mieux en mieux, voilà ce pesant pays si gourmé convaincu de fraude à plusieurs degrés sur les élevages interdits d'animaux à fourrure. Pour qui, pour quoi? D'autant que les bêtes captives  ayant attrapé le coronavirus, la forme prise par elles a muté et que, l'infection s'appelant désormais le Covid-20, il y a risque de complication au niveau des recherches engagées par les laboratoires. Et vous imaginez, cette euthanasie monstre de millions de bêtes qui fera certainement figure de massacre? Je vous le dis : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil jusque dans  les recoins les plus inattendus de la planète.

SUR LE FRONT DES ELECTIONS

          Quiconque se trouve pour la première fois confronté avec l'étonnant système de fonctionnement  des structures administratives américaines, où tout  (police, justice, exécutif ) avant d'être national dépend d'abord de la cellule originelle (commune, county, région, état) et  où toutes les charges font l'objet d'une élection, a le droit de sentir son cartésianisme un tantinet interloqué. Surtout si, comme cela se passe ces temps-ci, on ne peut échapper aux houles du Covid-19 que pour être englouti dans les lourdes incertitudes de l'élection présidentielle étatsunienne (j'écarte résolument de mon jugement les aspects surajoutés, insultes, affrontements grotesques, apostrophes malsonnantes, accusations gratuites... qui ne devraient pas figurer dans l'analyse du phénomène). Que chaque état  adopte son fonctionnement et ses rites pour voter peut déjà poser question. Mais le bouquet revient sans aucun doute à un système électoral unique au monde qui, non satisfait de la majorité des voix pour décider de l'élu, attribue des points supplémentaires (différents selon les états, naturellement) à chaque candidat vainqueur : il en faut 270 pour être élu, confirmant de cette manière boiteuse la supériorité en nombre de voix. D'où la frénésie du comptage, recomptage, obsession de la fraude, problèmes du traçage des enveloppes de vote (avec en outre le problème des délais d'acheminements postaux ou des cachets de poste faisant foi...). Les recomptages et divers recours juridiques déjà enregistrés dans l'histoire de la nation ont duré des semaines, jusqu'au moment où le vaincu jetait l'éponge publiquement : avec un mauvais perdant montant sa petite affaire comme un chien hargneux, je ne sais jusqu'à quand le monde devra attendre que le nouveau venu s'installe à la Maison Blanche, surtout si l'ex refuse absolument de déménager.

L'AFFRONTEMENT

          On peut envisager de diverses façons, c'est-à-dire sur le mode consterné (comment a-t-on pu en arriver là?) ou sur le mode jovial et bon enfant (Y a guère que chez nous que ça peut se passer, des affaires comme ça!) la scission (ça fait savant) du pouvoir, autrement dit de l'autorité qui donne les ordres,   entre les petits chefs des grandes mairies et le grand chef sans autorité du pays. Il y a quelques jours (et à vous dire le vrai je me suis impliquée dans mes propres affaires au point de ne pas chercher à connaître le résultat des courses) le boss a décrété le second confinement - autrement dit, le suicide pour les petits commerçants jugés non essentiels, libraires fleuristes comédiens bibliothécaires  chausseurs chapeliers photographes encadreurs marchands de tapis... (vous pouvez à loisir allonger la liste), en supplément déjà des grands blessés de la  bagarre, les cafetiers restaurateurs hôteliers et musées. Sur-le-champ de nombreux maires - des petits, des grands, tous ceux qui avaient à coeur la détresse de leurs administrés - décident que la loi nationale ne s'appliquera pas chez eux. Les uns et les autres mettent en avant l'intérêt de la population (le Boss a-t-il réfléchi que pour tous ces articles "non essentiels" chacun tiendra à engraisser Amazon sans que le profit des impôts revienne jamais au pays qui paie?). Bref ça s'appelle un clash, ça - des affrontements de ce genre ça ne devrait aboutir qu'à la rupture, ou bien? (comme disent les Suisses).

NOUVELLES MESURES

          L'oracle a parlé, hier. On devinait bien ce qu'il allait dire, cela n'a surpris personne. La claustration est redevenue à l'ordre du jour, faisant suite à cet étrange couvre-feu qui visait à interdire de force les rassemblements d'amis : comment situer les réunions de copains et copines si dès 21 heures vous devez être rentrés chez vous? Mais il faut croire que c'était là une mesure encore insuffisante : les chiffres grimpent à telle allure que la panique - à peu près muselée mais c'est la panique tout de même - s'est emparée de la vie sociale, de la vie économique, de la vie personnelle. Je reconnais les assouplissements apportés aux mesures drastiques, meurtrières à certains égards, de la lutte contre la première vague : les libraires et les fleuristes,  ces innocents martyrisés pour rien, sont épargnés cette fois-ci. Mais comment les cafés, les restaurants, les agences de tourisme, les spectacles surtout vont-ils s'en sortir? (et je pense le coeur serré à ces compagnies de théâtre qui non seulement ne peuvent se produire, mais  en outre ne peuvent même plus préparer leurs programmes à venir, tant elles se sentent menacées dans leur existence même). La France bâillonnée, pieds et poings liés... Sur ce fond de catastrophe, je serais curieuse de savoir si le commerce de la drogue se trouve affecté par la condition exsangue de la clientèle - mais personne n'en parle jamais, nous sommes tous clean, c'est dans les autres pays que la pègre règne.