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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 09:58

            Je crois que l’on pourrait disserter longuement sur ces annexes de notre vocabulaire de base qui marquent si joyeusement – quelquefois si piteusement – les époques. Je me rappelle que dans mon enfance la génération de mes parents parlait avec  délectation de Paname, de Pantruche et ses pantruchards (c’était l’époque où Mam’zelle Nitouche les faisait tordre de rire) : quel adolescent d’aujourd’hui comprendrait qu’il s’agit là de notre capitale et de ses habitants ? Il y a longtemps qu’on a relégué ces vocables. Un fort disert blogueur qui met gentiment de l’eau dans mon moulin quand l’envie l’en prend me citait le  délicieux Bonjour les dégâts ! qui en effet méritait haut la main d’être inclus dans ma liste. D’autres me reviennent : Y a pas le feu au lac, Colle pas à mes baskets, Chauffe Marcel (ce dernier sans doute quelque peu en perte de vitesse) – et puis toutes les variations sur le thème de Touche pas à mon Pote, qui se déclinent à l’infini avec énergie et en utilisant le logo de la grande main ouverte,  laquelle se déploie comme une menace. A chaque naissance d’une expression qui va vite faire fureur, on sourit de son astuce, de ses sonorités, de sa réussite immédiate. Mais – et mon ami blogueur en est bien d’accord – je rejette sans pitié cet Affirmatif !  qui remplace le oui trop banal et me paraît devoir être réservé à la soldatesque des commandos. Le Cool au sens flottant n’est guère plus intelligent, mais il a l’avantage de    ne pas être brutal ni provocant, et c’est déjà quelque chose.

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 09:40

       Tandis que le ministre de l’Intérieur peaufine sa stature de gouvernant qui sait se faire craindre et obéir, même du pouvoir judiciaire (qui chez nous n’a pas et n’a jamais eu le même pouvoir officiel qu’il revêt aux Etats-Unis par exemple), tandis qu’un énième sommet (inutile comme d’habitude mais où tout de même il vaut mieux faire bonne figure, se faire remarquer par la fermeté de ses propos et l’ingéniosité de sa pensée) devrait dans son imminence  rameuter sur la tête de notre N°1 les vertus combinées de concentration, profondeur de vues, précision des dires et sérieux de l’approche, eh ! bien voilà que le pays exhibe son appartenance à la scène comique de Feydeau et  de Labiche. Mais oui, mes belins-belines, nos goûts nationaux ne semblent pas avoir évolué depuis les caleçonnades du XIXème qui faisaient tant rire nos ancêtres. Seuls les moyens de transport ont changé : non plus calèche ou fiacre pour emmener à des salons particuliers, mais des engins motorisés où, chacun caché sous son casque, le motorisant et la motorisée croient jouir de l’incognito absolu. Paf ! un grain de sable dans les engrenages, et voilà le pot aux roses découvert ! La Première Dame se met en congé de maladie… Qu’est-ce que nous allons bien tous devenir s’il n’y a plus de petit timonier pour nous emmener tout droit à l’abîme ?

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 08:37

         Il y eut une époque – les années 50 à peu près : ce n’est tout de même pas l’âge des cavernes – où les puristes se crispaient sur les innovations de vocabulaire. Je ne parle même pas ici de l’invasion des mots anglais, à laquelle ils s’opposaient frénétiquement avant de déclarer forfait devant des infiltrations et raz-de-marée imparables, mais bien des vocables français que certaines modes imposaient brutalement : ainsi « valable », âprement combattu, ou « fiable », lui aussi banni du discours châtié (on se demande d’ailleurs toujours pourquoi). Au début il n’y avait que quelques expressions sur lesquelles se battre, mais très vite il est apparu que des formules véhiculées par la radio ou la télé allaient se naturaliser sans résistance. Consensus, en amont, au second degré, confidentialité, morosité, virtuel, relativiser, point barre, BCBG, beaufs, bobos, sociétal…sont désormais entrés dans le vocabulaire le plus courant, et il y en a bien d’autres, représentant d’ailleurs (en plus de l’obéissance à la mode) des fonctions ou des impressions plus récemment introduites dans la conversation. Et composter ! Je me rappelle mon algarade en août 85 avec un gradé de la SNCF, alors que le mot, tout juste adopté, n’avait rien d’évident et que deux amis américains venus me voir s’exposaient à l’amende parce qu’ils n’avaient pas su quoi faire du mot imprimé sur leurs billets– nous étions trois spécialistes de la langue française et aucun de nous n’avait compris le sens du terme…On  emploie volontiers des mots sans être sûr de leur sens, surtout s’ils font branché (cool, baba cool, pas de souci, t’occupe…) et souvent le procédé m’agace, mais je fonds devant quelques perles du type à l’insu de mon plein gré. Celui-là, je trouve que c’est vraiment une aubaine, j’aimerais pouvoir l’utiliser à tour de bras…

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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 09:01

Le bonzaï semble quelque peu en perte de vitesse chez les fleuristes, jardiniéristes ou décorateurs. Il y a quelques décennies, c’était une vraie fureur, ces plantes mutilées qu’on avait patiemment (et c’était cela qu’il fallait admirer) empêchées de se développer sous prétexte de leur imposer par la force une esthétique nouvelle. Un de mes amis universitaires américains s’élevait régulièrement avec virulence contre cette habitude qu’on avait en France, disait-il, de martyriser les platanes et les tilleuls. Que ne devait-il pas dire alors contre le bonzaï… Sans sa virulence, je crois tout de même que je peux prendre la relève : je trouve monstrueux (et le topiaire n’échappe pas à mon blâme, à un degré moindre) qu’on passe des années à rogner de la chair vive de végétal en taillant tout ce qui amorce son développement, bourgeon, bouton, rameau tendant le nez, feuillage exubérant… Toute effervescence du tissu annonçant une croissance, voire une excroissance, est immédiatement châtiée, limée, passée à la râpe. La plante grossit en s’élargissant sans jamais pouvoir développer ici une petite pousse, là une branche qui devait en théorie convenir à sa stature. Et personne n’est obligé de penser que cette obstinée vigilance entraîne une beauté artificielle inédite – c’est là ma position, alors que toute répression d’un effort, toute économie d’un mouvement, tout frein apporté à un projet, tout abandon d’un élan semble bien relever, dans les ultimes   années de la vie, d’une philosophie du bonzaï consternante, si réductrice par précaution qu’elle s’assimile à une préparation à l’inexistence. Le Carpe Diem  d’Horace, placé en face, n’en acquiert que davantage de charme.

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 09:38

         Je vous ai souvent signalé mon hilarité – et, cela va de soi, mon désir de la partager avec vous, mes belins-belines – à propos des termes dithyrambiques détaillant les vertus d’un sac à mains ou d’une montre offerts en prime « sans obligation d’achat », le caractère absolument exceptionnel de l’objet et sa gratuité me rappelant le sophisme célèbre : «  ce qui est rare est cher, un cheval à un sou c’est rare, donc c’est cher ». Aujourd’hui il s’agit d’un peignoir rose, mais qui « n’est vraiment pas comme les autres : il possède un petit quelque chose qui le rend réduisant autant que fascinant, et dès que vous lui en laissez l’occasion, il laisse éclater ses couleurs pendant que sa matière dégage de façon presque magique une aura de tranquillité ». On appelle à témoins « celles et ceux qui ont eu la chance d’y goûter », car « sa fibre exceptionnelle (note de la rédaction, càd moi : de la polaire, matière de grand luxe s’il en est) génère une immense satisfaction pour quiconque peut s’y lover ».C’est miraculeux ! «  Il suffit de passer ce magnifique peignoir pour que votre corps se sente aussitôt gagné par un sentiment de profonde plénitude » et, mes agneaux, ça va loin : « Les sensations qu’il délivre n’ont rien de comparable avec ce que vous avez connu jusque là ». Bref, c’est « un véritable ravissement pour le cœur et pour les yeux. Quoi que vous fassiez avec un tel complice, vous profitez de la volupté qu’il met dans chacun de vos gestes ». Allez, belins, belines, tous en peignoir !

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 10:56

            Nous sommes tous en plein spectacle, même malgré nous. D’abord, parce que l’actu nous a plongés dans le domaine de la scène, théâtre places retenues horaires précis programme annoncé. Ensuite, parce qu’à ce contexte banal (sauf qu’il concerne un individu particulier) s’oppose le contexte officiel des gouvernants, ministre décisions préfectorales appel recours au tribunal suprême. Le tout se joue en quelques heures ( quand je pense que ma demande de référé, à moi, destinée à empêcher une construction qui s’érigeait sur ma limite mitoyenne, a dû attendre sa réponse du 11 février au 29 juin, laissant tout le temps à ladite construction d’être achevée – et à présent, la faire démolir devient une tout autre paire de manches, mais il y a des circonstances où l’urgence c’est plus de l’urgence que l’urgence habituelle, que voulez-vous !) puisqu’il fallait avoir la condamnation du spectacle avant le début de la soirée. Je suis d’accord pour que des propos ignominieux ne soient pas tenus en public, surtout s’ils rameutent des foules sous prétexte d’humour et de comique, mais je crois que ce qu’il fallait surtout, au lieu d’une suppression qui va immédiatement avoir des conséquences interminables, c’est faire comprendre au troupeau qui se rue vers un comédien « qui fait rigoler » ( !) qu’il est ignoble de rigoler sur des sujets de ce genre, ce que certains d’entre les plus mordus n’ont peut-être pas vraiment perçu. D’ici à ce que ce haineux médiocre qui ne s’impose que par ses outrances 

soit considéré comme une victime bâillonnée dans ses efforts pour défendre la liberté, il n’y a qu’un pas, que ses ignobles conseillers vont vite franchir. Attendons la suite, les jeux d’hiver de Sotchi vont en pâlir de jalousie.

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 10:21

         J’ai signalé il y a peu la mort de la dernière girafe au Botswana. Celle du minable et criminel zoo de Surabaya en Indonésie, dont les bêtes sont affamées et malades, est morte de faim après avoir ingurgité 20 kilos de sacs en plastique : tout ce qu’elle avait à se mettre sous la dent. La bile d’ours, fort recherchée en Chine où on la prélève à force de maltraitance raffinée  (comme on suspend chez nous les visons d’élevage par une patte, pour augmenter les secrétions des animaux angoissés et torturés), continue d’alimenter le trafic des ours bruns vers les « cliniques » de fabrication de remèdes traditionnels. L’ivoire des éléphants, la corne des rhinocéros (en Asie comme en Afrique où les espèces ont soit une soit deux cornes : vous connaissez tous, j’espère, le Rhinocéros de Ionesco, désopilante et grave fable sur le danger d’invasion des idéologies totalitaires ?), les rayures de la fine et élégante peau du zèbre, la tête et la crinière du lion, si belles toutes deux en descentes de lit, les ailerons de requins qui redonnent la vigueur aux organismes mâles en perte de vitesse, la fourrure blanche des bébés phoques, la chair succulente des dauphins qui s’apprécie surtout comme appât pour la pêche aux requins… Mon dieu, mon dieu, qu’il y en a donc, des ressources dans le monde sauvage ! Et que l’homme est donc intelligent de savoir comment se les procurer ! Une fois signées toutes les pétitions du jour, comment se consacrer à des problèmes d’orthographe ou d’accords de participes ?

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8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 08:44

         Il y a déjà bien longtemps, me semble-t-il, que je n’ai pas porté à l’attention des foules de fans qui me suivent religieusement les problèmes culturels si délicats et passionnants de la théorie littéraire. Je veux dire par là que les mentions de vis comica, vis dramatica, structures, psychologie et biotopes n’ont pas réapparu dans mes propos – et, secouez un peu votre mémoire les plus anciens, il en était fort souvent question. Je me demande pourquoi je parais avoir abandonné ce type de sujets, car à moi il plaisait moult grandement, et à vous il ne semblait pas déplaire du tout, vu les échos (timides et assez rares) que j’en recevais. Je suppose que, sans avoir de réaction spécialement vive aux           circonstances de l’actualité telles que nous les fabriquent (ils s’y mettent à tous, vous le savez) les politiciens, les bandits, les banques, les multinationales, les oppresseurs d’individus de tout poil qu’ils réduisent à l’état de sous-hommes, il ne nous semble guère possible de rester indifférents à discuter salonnièrement de points de littérature en restant à l’écart des grands problèmes qui agitent le monde. C’est un peu comme si on continuait à, tranquillement et le cœur en paix, arroser ses salades quand les images effroyables des typhons, tsunami et autres ouragans meurtriers se succèdent sur les écrans de télévision : je suis sûre que même vous, les deux garnements du fond, vous ne seriez pas d’accord.

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 10:10

         Il y a quelques mois, les chiffres monstrueux que les commentateurs de nouvelles portaient à notre connaissance nous donnaient le tournis, comme on dit chez moi. Les banques, les assurances, les gouvernements, les multinationales, les fraudeurs de toute espèce, les îles Caïman ou le Delaware,  tout cela brassait des milliards à qui mieux mieux, nous laissant loin derrière avec notre comprenette limitée qui savait tout de même que s’il y avait des pots cassés à l’échelon planétaire il ne manquerait pas de lampistes pour les payer. Des milliards, oui. De quoi en perdre tout intérêt pour une tentative de réaliser ce que cela représentait, ce monceau de sous. Je ne sais si c’est qu’à la fin je m’habitue à des chiffres hors de mon entendement, mais je crois que je me représente beaucoup mieux ce dont on parle en s’agitant quelque peu depuis quelques semaines (grâce aux efforts des militants : ça finit par se savoir dans Landerneau) et qui, délaissant le terrain financier (mais hélas, pas l’avidité rapace des individus), regroupe les usines à lait, les batteries de poules pondeuses et de poulets à chair, les élevages éhontés de dindes et de porcs et les formules ignobles d’abattage qui font - de manière aussi révoltante que de considérer les hommes comme chair à canon – des bêtes quelles qu’elles soient la matière première de cette razzia alimentaire. Mes belins-belines, je vous assure que quand on parle de milliards sur ce sujet, ce ne sont pas les bénéfices de ces pourris que je vois, mais bien les bêtes encagées, débecquées, castrées à vif, bourrées de vitamines et de produits accélérant la croissance dans des proportions inimaginables. Je vous assure que je peux les voir, celles-là, et que mon cœur saigne.

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 08:40

         Au Botswana, la messe est dite pour les girafes : il n’y en a plus une seule, la dernière vient d’être tuée par un richissime chasseur américain qui  voulait continuer sa collection de trophées (mais qu’a-t-il bien pu garder de la demoiselle au long cou ? ses deux petites cornes ? ses sabots ?malcommodes à mettre au mur, non ?). Au Nigéria, dans d’autres contrées africaines où la chasse dite sportive a presque remplacé le tourisme ordinaire, non seulement les éléphants sont menacés autant par eux que par les contrebandiers de l’ivoire, mais voilà qu’on vient d’inventer une justification humanitaire pour ces massacres : chaque éléphant tué fournit grâce à la générosité des tueurs quelques tonnes de viandes pour les populations du lieu, comment voulez-vous entraver ces offrandes qui viennent du cœur ? Quant aux lions, ne croyez pas qu’ils vont disparaître comme ça : on les élève, jusqu’à mille par enclos, depuis l’enfance dérobée à la mère, on les engraisse, voire on les drogue, avant de les lâcher in extremis sous les yeux desdits chasseurs. Ils sont parfois si endormis qu’ils ne courent même pas pour profiter de leurs quelques instants de répit en liberté – pour les chasseurs de trophées, pas de crainte à avoir de leur résistance, pas de difficulté à les atteindre, ils ne se sont rendu compte de rien, même pas sans doute qu’on les sortait de cage pour  devenir descentes de lit (mais les zèbres aussi leur font grande concurrence, c’est si raffiné une peau de zèbre dans un coin de salon !). Et que faire, que dire ? La chasse étant un des plus nobles sports sous toutes les latitudes, rien n’est interdit, surtout s’il y a un tas de dollars à la clé.

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