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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 09:09

         En ces temps où la compétition pour la survie se fait volontiers au couteau, où la moindre recette de cuisine ou de pâtisserie s’inscrit dans un concours télévisé à l’issue duquel on décerne des prix et des classements, que diriez-vous d’un juge qui distribuerait les récompenses ou les blâmes à l’emporte-pièce, sans avoir regardé de près comment les choses se fabriquent ni surtout quel effet elles font au moment de la présentation et de la dégustation, donc sans avoir goûté la soupe ? Vous ne penseriez pas grand-chose, n’est-ce pas ? de pareil décideur ni de sa conception de sa fonction. Eh bien figurez-vous que je me trouve plus ou moins enfilée dans ses souliers, comme on dit en anglais. Comment pourrais-je (avec la conscience que je me fais de cette responsabilité vis-à-vis de vous, mes belins-belines, à qui je dois dévouement et abnégation, mais si mais si, je suis sûre que vous vous en êtes déjà maintes fois rendu compte) comment pourrais-je vous fournir des appréciations qui ne seraient point dûment étayées par la consommation des mets que je choisis de mettre à mon programme ? Je vais d’avance vous en fournir une bonne preuve. En trois jours, en circulant avec adresse d’une chaîne à une autre, on peut se payer Ocean’s Thirteen, Ocean’s Eleven et Ocean’s Twelve , dans le désordre : j’y serai ! Ce disant, je me sens gonflée d’un héroïsme qui va m’exposer à de longues séances d’ennui, d’après ce que je crains (bis repetita c’est déjà pas drôle, alors ter repetita, qu’est-ce que ça doit être !)…Je tâcherai de survivre, crânement – et je vous raconterai s’il y a quelque chose à raconter…

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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 10:42

         Tout juste  bon pour un vendredi soir, si l’on ne veut pas se punir par le polar traditionnel qui choit piteusement de semaine en semaine, il y avait hier ce premier film de Mel Brooks avec Gene Wilder – deux promesses de qualité qui valent mieux que les évaluations étoilées des magazines de télé. Le thème de ces « Producteurs » était alléchant : puisque les succès à Broadway ne rapportent rien à leurs réalisateurs, pourquoi ne pas viser le succès nul, le flop absolu qui condamne les représentations dès la première et permet cependant aux producteurs d’empocher les montants des subventions versées pour l’ensemble de la saison sans avoir à payer les acteurs, la salle etc. plus d’une fois ? Il fallait le faire – donc, choix  d’un livret minable, intitulé Printemps pour Hitler, choix d’un metteur en scène minable… tout devrait baigner. Or, après un moment d’ahurissement, le public des grands soirs en smoking et robes longues trouve hilarante cette réapparition de Hitler avec ses mignons (Goebbels, Himmler etc) qui joue de la guitare électrique et chante des romances. Impossible de torpiller pareil succès : on n’a jamais vu un spectacle aussi désopîlant à Broadway, tel est le jugement d’une spectatrice, applaudie par tous les présents. L’idée d’ Hell’z a popping, le torpillage d’une revue pour Broadway où tout devrait foirer et dont le producteur découvre l’originalité et suppute un énorme succès, a été reprise ici à sa manière, et on a souvent l’occasion de rire ou au moins de sourire. Mais que dire de l’idée de base, qui montre la séduction du public par les souvenirs du Führer, alors qu’un couple seulement quitte la salle pour protester contre la remise au goût du jour de ce sinistre pantin ?

 

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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 09:07

 

 

De bon matin, annonce le titre du film. On vous le résume vite : Paul, le meilleur cadre commercial de sa banque, se prépare minutieusement, se rend au travail, tire sur le directeur et sur le réorganisateur qui cause les licenciements sous allure de restructuration, puis se suicide. C’est tout. C’est suffisant pour qu’on puisse, à travers les souvenirs qu’il évoque à ses derniers instants, reconstituer l’atmosphère vénéneuse d’une banque où les têtes tombent sous de faux prétextes et où le meilleur employé, qui aurait dû passer directeur, est spécialement visé car il devine les magouilles et transactions souterraines qui enrichissent le directeur et mettent la banque en danger. Rien que des airs connus, avec comme stratégie essentielle un harcèlement par l’injustice des décisions : en réduisant abusivement ses tâches, on réduit l’emprise du cadre, on le met en face de résultats insuffisants, ce qui permet de le préparer au pire. Malgré la satisfaction ressentie (je parle pour moi) à l’exécution du banquier et de son âme damnée, ou reste sur sa faim.  On a, bien sûr, une petite idée du harcèlement des cadres intègres à la vue perçante s’ils refusent de « coopérer » avec les entreprises d’envergure, dont le seul but est d’enrichir le banquier et non de gérer convenablement les dépôts des clients. Mais la crise interne est trop limitée à l’unité bancaire, alors que le schéma de fonctionnement véreux devrait, comme dans tant d’autres cas, déborder sur la population amenée à casquer « en grand » et ainsi généraliser une crise mondiale autrement plus irréparable : c’est que le problème de l’activité bancaire, c’est encore bien autre chose que  les relations hiérarchiques meurtrières …

 

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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 08:44

         Je n’ai pas bien compris pourquoi le film norvégien d’avant-hier soir, Oslo 31 août, méritait trois étoiles pour annoncer une qualité exceptionnelle. Une adptation du Feu follet de Louis Malle ne me tentait guère : je n’en aimais ni le thème ni Maurice Ronet – mais enfin, pourquoi pas ? Une fois de plus, j’ai jugé que cet engouement pour tout ce qui est nordique, depuis quelques années, ne rime pas à grand-chose, ni pour les acteurs, ni pour les metteurs en scène, ni pour les paysages ou les atmosphères : l’ensemble est réfrigérant, monocorde et tristounet (et ne parlons pas des romans, qui sont ternes et pas très attachants). Rien d’inattendu donc, hier soir : le « presque clean, presque désintoxiqué » qui dès le matin d’un rendez-vous d’embauche probablement salvateur, après avoir manqué son suicide par immersion dans un lac les poches pleines de pierres, fait le tour de ses connaissances d’avant la cure (alors qu’il se défonçait sans frein dans la luxure, la boisson et « toutes les drogues consommables »), promène son visage inexpressif d’une ancienne liaison à l’autre, refuse de se faire embaucher dans un journal où tout devrait pouvoir marcher entre le patron et lui, traverse des réunions festives où il recommence délibérément à boire puis achète de l’héroïne pour terminer la journée – et sa vie – d’une overdose. Rien qu’une succession de gestes, de répliques sans portée, de bouts de conversation où la banalité est choisie comme règle. Quelle idée d’avoir un jour érigé le minimalisme en forme d’art ! mais quelle idée !

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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 08:24

            Il me semble que cet excès de communication dont nous sommes redevables à l’informatique, que cette immédiateté des nouvelles en tout domaine, que cet éparpillement imparable des petites et grandes vérités intéressant le monde, aient abouti au bout de quelque quinze ans de généralisation des ordinateurs à faire connaître beaucoup de choses horribles qui se passaient tranquillement en coulisses et désormais apparaissent toutes nues en nombre de plus en plus considérable. J’en veux pour preuve la révélation que les poulets élevés et traités en Chine peuvent souvent s’accompagner de rat et de viandes imbibées de mercure ou autres assaisonnements, sans contrôle, avant de repartir vers les USA une fois «juste à réchauffer » : ce sont même les plus célèbres chaînes spécialistes des beignets de poulet qui répandent cette provende bénie. Or les pétitions remuent des centaines de milliers de signatures pour stopper l’ignominie. De même l’horreur des usines à mille vaches commence à être connue de tous, et les tortures des porcs ou truies d’élevage industriel, et l’indignité du martyre des poules et dindes en batteries, et l’abominable supplice des canards et des oies forcés à produire du foie gras en trois semaines, et les révoltants procédés de pêche dans tous les coins du globe – tout ceci pour m’en tenir à l’agro-alimentaire ou aux récoltes de poissons et crustacés. Il est bon que ces connaissances se multiplient et suscitent le dégoût et la révulsion – autrement dit il est temps que les yeux s’ouvrent et que les luttes s’organisent.

      

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 10:14

         Dès l’origine, le principe du film de l’Ouest  - celui qui lui donnait et sa raison d’être et sa couleur – consistait à raconter la conquête de l’ouest américain, essentiellement  les territoires conquis sur les Indiens et les longues caravanes de pionniers souvent voués au massacre, à la soif et à la faim. D’où la présence si fréquente de cavaliers de l’armée, assiégés dans leurs forts (où la vie tâche de se maintenir héroïquement, avec les femmes et parfois les fêtes) ou en missions périlleuses et souvent mortelles en dehors des forts. Puis le bétail et les problèmes qui lui sont liés (pâturages à délimiter ou à prendre au voisin, sécheresse des rivières, transhumance pour se rendre vers les abattoirs) se mettent de la partie, car les troupeaux se multipliant avec leurs aléas, leurs exigences de pâture et d’eau, entraînent des migrations de milliers de têtes pendant de longues semaines, dont à l’avance on estime froidement le déchet jusqu’à 10%. C’est une de ces transmigrations impensables que racontait hier Red River,  et la contemplation par John Wayne, au départ, de son troupeau de quelque dix mille têtes, par un regard circulaire de 360 degrés, vaut certainement …le coup d’œil. L’obstination de continuer coûte que coûte entraîne la révolte des cowboys traités   sans égards ni humanité : elle souligne une tension père-fils pour l’aptitude au pouvoir que la critique appelle tout bonnement oedipienne ( ?)  - c’est là l’aliment moral dont très vite le Western ne peut se passer. Quitte à meubler un peu cette longue épopée de bêtes à corne qu’on fait galoper sur des milliers de kilomètres, on aurait pu préférer une rivalité féroce entre jeunes loups aussi excellents tireurs l’un que l’autre. Dommage qu’elle ne reste qu’en germe car elle nous laisse sur notre faim, malgré ces tonnes de bifteck amenées à Abilene….

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 10:29

         Mea Culpa tardif : le « peignoir rose » est bien entendu séduisant, et non réduisant .  Pardon d’avoir esquinté ce texte sublime.

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 10:14

         J’aimerais bien discuter livres avec vous, mes belins-belines, mais comment faire pour que nos lectures puissent coïncider en temps et goûts ? J’espère que vous êtes tous et toutes aussi éloignés de la collection Arlequin que je le suis (n’ai pas pu terminer un livre qu’on m’avait prêté en espérant me séduire… Il y avait dès le départ erreur sur la personne), mais je ne vous souhaite pas lecteurs exclusifs de Proust – non, mais quelle idée ! Je vous souhaite plutôt ouverts à la galaxie Gutenberg dans ses manifestations récentes : il y a tant à découvrir (trop, même : on n’y peut faire face), surtout me semble-t-il dans les domaines étrangers qui sont de mieux en mieux représentés chez nous. En fait, les traductions, en majorité d’auteurs américains,  abondent, dont on ne peut toujours garantir la qualité d’excellence mais dont au moins un bon niveau d’honnêteté est généralement assuré. J’aimerais ici, comme je l’avais fait pour ce roman étonnant de Colum McCann  Et que le vaste monde poursuive sa course folle, ou un peu dans le désordre pour la littérature chinoise dont je vous avais juste révélé quelques thèmes fascinants, attirer votre attention sur Louise Eldrich, dont l’ascendance indienne ojibwa, fièrement mais subtilement revendiquée, commande toute l’inspiration. Ses romans en général se passent dans des familles indiennes,  ou insistent sur les relations difficiles entre Indiens et « Blancs », les uns parqués dans des réserves pour mener une vie sous contrôle sans relief ni facilité, les autres opérant leurs délits ou leurs crimes en des lieux bien repérés où la justice américaine et la justice tribale sont en conflit d’attribution, ce qui garantit aux violeurs en particulier une impunité absolue. L’identité    indienne, même lorsqu’elle se traduit dans des milieux évolués – artistes, enseignants – est observée avec une scrupuleuse tendresse et un beau style prenant : l’ouverture sur ce secteur de civilisation et d’histoire mène à une promenade particulièrement attachante. Dans le silence du vent est un beau roman  tout récemment traduit, où une violente crise familiale oppose et mêle les réactions  entre générations. Notez bien : Louise Eldrich. Un cru à part.

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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 11:46

         A trois reprises, à des heures différentes et malgré le barbouillage violent en rouge fluo de mon journal TV pour être bien sûre d’avoir mon attention attirée par ce programme, j’ai loupé Sunday in the Park with George. Déjà le titre pétille d’intelligence : qui ne voudrait se promener avec Seurat à la Grande Jatte ? Que cette comédie musicale soit un genre pas très bien enraciné en France, et que ce soit précisément une comédie musicale à l’américaine qui ait été choisie pour faire passer dans le domaine du mouvement et du son la toile qui attire certainement le plus de visiteurs à l’Art Institute de Chicago, cela s’explique par le succès de la peinture outre-Atlantique ; mais il faut dire que sur nos petits écrans plusieurs courts métrages ou émissions de commentaires sur l’art devraient avoir familiarisé le public français avec ce monument. C’est vrai que c’est d’abord une peinture monumentale, mais aussi  une inspiration très originale en pleine période d’impressionnisme ou de ses séquelles. Le parti pris d’évacuation du vaporeux selon l’impression ou l’atmosphère du moment est frappant dès le premier coup d’œil ; la netteté des silhouettes, leur caractère souvent figé comme des figurines disposées sur une surface plane semblent destinés à faire naître des questions, et on peut s’en poser de toute sorte au fur et à mesure qu’on détaille le tableau, et pas seulement à propos du petit singe tenu en laisse par la belle promeneuse. Ces commentaires que chacun se fait à soi-même doivent être mis en musique de manière pétillante (j’ai juste aperçu, tout au début, le peintre qui parle à l’un des personnages, et j’ai vu aussi la gouvernante expliquer pourquoi l’arbre recherché par la vieille dame a été changé de place...). Sur fond  musical dont j’ignore, hélas, la qualité, j’ai tant aimé, pendant deux minutes,   voir les personnages bouger, sortir de la toile, se démener avec raideur comme des marionnettes…C’est encore la période des vœux : pour moi, pour vous tous mes belins-belines, je souhaite que la chose revienne en boucle. Cette fois-ci, même à 2h du matin, je vous jure que je ne manquerai pas ce spirituel « revisiting » d’Un Après-midi à la Grande Jatte.

 

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 09:20

         Je crois me souvenir que nous avions discuté (discuté ? je ne me rappelle pas avoir entendu vos voix, mes belins-belines, vous étiez peut-être encore trop timides) de la reprise, au cinéma, non seulement de thèmes déjà traités par d’autres réalisateurs, mais bien, tout simplement, d’un remake plus ou moins respectueux qui désirait apporter sa marque à la production. Lorsque l’intention est servilement paralysée par l’admiration du chef d’œuvre – ainsi en est-il de la reprise de Psycho, l’assassinat sous la douche devant lequel presque tout le monde reste bouche bée (presque tout le monde : mais moi je ne compte pas), qui suit pas à pas le déroulement, en temps et en image, du produit hitchcockien - je n’arrive pas à comprendre ce qu’on attend de ce doublon comme effet sur le public. Déjà le remake de King Kong, celui des Trente Neuf Marches, prouvaient que l’entreprise était vouée à l’échec (et pourtant le cadre naturel de Killin donné au nouveau film, charmant village d’Ecosse où j’ai passé des vacances délicieuses, m’incitait à la bienveillance). Faut-il vraiment avoir le génie des frères Coen pour traiter le même sujet en changeant totalement la donne ? On a rediffusé il y a peu Cent dollars pour un shérif, cela a permis de voir la différence avec leur True Grit, et le renouvellement du personnage (entre autres chamboulements inspirés) de John Wayne, un peu trop semblable à lui-même malgré le bandeau sur l’œil, par un Jeff Bridges barbu et sale en éthylisme permanent, justifiait à lui seul d’avoir  recommencé l’aventure. Il faut avoir plus que du talent pour oser reprendre des succès et en refaire une nouvelle mouture…

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