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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 08:09

         Si j’avais la mauvaise idée de faire le compte de tout ce que la Sécu, ma mutuelle et moi-même nous avons déboursé pour mes problèmes d’yeux depuis près de deux ans, tout le monde serait stupéfié. Injections dans le globe oculaire pour tenter de faire disparaître l’œdème de la rétine, contrôles, gouttes, visites, consultations, clinique privée ou hôpital général, ah ! je dois dire que j’en ai vu du monde, et du beau monde ; j’en ai fait des allers et retours en taxi ; j’en ai perdu du temps dans les salles d’attente même là où on faisait des efforts louables pour améliorer les choses. Et tout le monde gentil, serviable, souriant, comme si personne des visiteurs n’était malade ou concerné par un problème grave. Ce qui ne change rien à rien : vous qui voyiez comme un furet, vous avez commencé par ne plus pouvoir lire les notices pharmaceutiques (on en rit d’abord : vous avez tellement d’autres ressources pour la littérature), le Bottin, le NPLI, puis le dernier paragraphe des ophtalmos  (le Descartes ou le Chateaubriand hermétiques dont vous triomphiez avec tant de panache par le passé), puis l’avant-dernier paragraphe et là votre cœur se serre. Voilà qu’en même temps vous avez perdu la faculté de lire en esprit à toute allure sans articuler les phrases : cette maîtrise que vous jugiez ontologique ne vous appartient plus, vous l’avez perdue, il vous faut désormais former les mots dans votre cerveau en reprenant les paliers des conquêtes de l’intellect, bientôt vous serez obligés de remuer les lèvres pour être bien sûrs de ce que vous venez de lire… La débâcle, quoi.  Je termine sur un choral collectif (pardon pour le pléonasme) qui vous englobe, mais c’est par instinct de me faire consoler, car au fond il ne s’agit égotistiquement que de moi : pour rien au monde je ne vous  souhaiterais de partager mes problèmes.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 09:48

                      Je viens de recevoir un mail fort touchant de deux parents dont le fils a traversé (et, surtout, leur a fait traverser) un calvaire de huit ans et demi de coma définitif irréversible. Ils m’ont écrit parce que chaque fois que j’en ai l’occasion je parle de l’euthanasie et du suicide assisté,  que j’approuve  totalement. Il me semble que le problème de cet avancement tant souhaité de la légalité se pose exactement comme celui de l’avortement : on ne vous oblige pas à avorter, mais si vous voulez avorter c’est votre droit. Toutes les protestations indignations manifestations d’hostilité sont sans raison et devraient être sans effet, ce qu’elles seront bientôt j’espère, au bout de toutes ces lenteurs administratives et confessionnelles qui n’empêcheront pas une loi nouvelle de rendre à chacun sa liberté de mourir – à plus forte raison de donner la liberté de suspendre après tant d’années une assistance à survivre qui aboutissait à un non sens absolu. Ici le cas soulevé était celui d’un enfant déjà comme mort pendant plus de huit ans ; lorsqu’en particulier il s’agit d’un patient en fin de vie, qui survit dans des souffrances atroces et la dégradation de son être et qui réclame de pouvoir partir dignement, avant d’être réduit à l’état de légume ou de loque délabrée, comment pourrait-on ne pas l’entendre, ne pas l’aider à trouver la sortie qu’il désire ? Il reste que les problèmes sont multiples pour réaliser ces voeux des patients sans provoquer un tsunami juridique : nous aurons encore beaucoup à faire pour ouvrir les yeux, non  de l’opinion (c’est fait de manière frappante), mais des décideurs toujours empêtrés dans leurs traditions et préjugés.

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 09:47

         Je n’aime pas beaucoup ces regroupements de dons et de talents qui s’abritent sous le même nom de famille : les « de Caunes », « les Stevenin », « les Depardieu », « les Mastroianni », « les Rossellini » ou « les Bohringer », même si parfois la descendance ne démérite pas de l’échelon parental supérieur qui a illustré le nom. Je n’ai jamais aimé, en particulier, la cellule Gainsbourg, prétention et provocation, talents inégaux, surtout si on fait intervenir la pièce rapportée Birkin, sans talent du tout. A force d’entendre dire que les trois filles de cette pauvre Jane savaient s’imposer – ce que personnellement je n’avais jamais constaté malgré les récompenses ronflantes où papa-maman y allaient de leur petite larme -  je me suis laissé faire pour un film signé Lou Doillon (après tout, il n’y avait rien pour le concurrencer et il me permettait d’aller au lit de très bonne heure). C’était moche, mais c’était moche ! Qu’est-ce que Kristin Scott. Thomas était bien allée faire dans ce prétendu huis clos (c’est ainsi qu’on pare de plumes de paon l’insuffisance des moyens, traduite par la pénurie du décor et d’acteurs convenables) axé sur un prétexte imbécile et lâchement développé ? Primaire, enfantin, l’effet final ridiculement attendu (et certainement considéré par la réalisatrice comme super réussi et original)… Mais la critique aveuglée par le rayonnement du nom avait donné le feu vert, et c’est comme cela que se font les réputations. Ah ! les médias…

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 11:15

         Comment !... Voilà un individu qui, revenu dans le quartier d’Albert Square depuis deux ou trois ans à peine, a trouvé moyen de peser (plutôt malignement qu’autrement) sur les destins d’à peu près tout le monde, et personne ne lui en garde rancune ! (Vous voyez que je continue sur ma lancée d’hier, l’indignation devant les comportements moraux est fréquente chez moi – autant un chien qui trouve encore quelque chose à grignoter sur son os d’autre part, je ne lâche pas ce que je tiens). Au moment même des obsèques, une lettre qui ne devait pas être posthume accable sa sœur, qu’il a déjà fait partir plusieurs mois afin qu’elle néglige un quinqua avec qui elle allait refaire sa vie : il n’empêche qu’elle assiste au service funèbre avec beaucoup d’émotion. Que les démonstrations annexes du chagrin relèvent de la pure tradition locale, certes : au lieu de couronnes, des inscriptions énormes (Brother, Dad) sont réalisées en fleurs blanches, pour autant le chagrin n’est pas forcément au rendez-vous. Mais ce qui m’indigne justement, c’est la douleur  qu’on sent sincère des membres de la famille que le défunt a le plus fait souffrir. L’adolescent qu’il a humilié, brimé, contrarié, dépouillé de toutes les manières fait montre d’une souffrance qui finit par émouvoir, comme l’accablement de la fille qui fut l’objet d’une tyrannie insupportable depuis leurs retrouvailles (qui ont d’ailleurs signifié la mainmise du père sur sa progéniture bien plus que le don de la sérénité parmi les siens). Les frères, qui ont manifestement considéré sa mort subite comme un heureux événement, sont à présent taraudés par le remords. Est-ce parce qu’il se proclamait le chef de la famille, dépositaire de l’autorité incontestée revenant à l’aîné, qu’il a eu droit à pareil traitement de faveur et d’affection ? Je m’interroge…

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 11:43

J’avais l’intention de vous parler de mes EastEnders (il y a bien longtemps que je ne l’ai pas fait, et puis ce devait être en vitesse) sur le mode humoristique. Vous connaissez le principe de datation de la série : elle se déroule au jour le jour, les mariages princiers ou le Silver Jubilee chacun à sa date, idem pour Noël ou Pâques, cela fait plus de vingt-cinq ans que l’actualité est respectée. Or il y a eu depuis deux ou trois mois un retard facile à prévoir : trop d’intrigues, essentielles ou annexes mais pleines d’intérêt, devaient trouver une solution avant la fin de l’année, ou aboutir à une crise, à un sommet, voire à une disparition, et de toute évidence il était impossible de tout loger ça en temps rigoureusement respecté. Résultat : la matière surabondante a nourri des épisodes qu’on bourre un peu au petit bonheur la chance maintenant, à des horaires inédits et maladroitement annoncés – pour quelque temps, nous a-t-on précisé (je pense que la programmation veut retomber sur ses pattes pour la Saint-Valentin, on verra bien si je me trompe, car ça se célèbre outre-Manche avec fracas et il importe de corriger l’effet gâte-sauce qu’ont eu les fêtes de fin d’année hors période officielle). Mais en fin de compte, avec la mort et l’enterrement d’un personnage odieux, se pose un autre problème. Il n’a fait que du mal, il n’a retrouvé son fils et sa fille, séparément, qu’après un abandon de nombreuses années, il a filouté frauduleusement dans la fourniture d’alcool, il a soudoyé les adolescents du quartier pour les envoyer en douteuses missions – et au moment des obsèques c’est tout juste si on ne lui élève pas un monument. Cela mérite réflexion, tout de même, mes belins-belines..

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 09:03

         J’avais vu « Le Fleuve » probablement l’année de sa sortie, càd en 51, et n’avais jamais eu l’idée saugrenue de le classer parmi les chefs d’œuvre du maître. Il me semble même me rappeler que j’avais préféré, de loin, le « Louisiana Story » de Flaherty, en noir et blanc mais exemplairement tourné en décors naturels (une grande leçon pour les réalisateurs hollywoodiens) et où déjà un jeune garçon buvant à même une rivière ou un bayou se faisait mordre par un venimeux cottonmouth  dérangé de sa promenade aquatique (mais le coma du garçon n’était pas mortel comme grâce au cobra l’est celui du « Fleuve »). L’impression d’ensemble était que je m’étais puissamment ennuyée et que deux sottes adolescentes avaient méchamment fait tomber un héros de guerre cachant comme il le pouvait sa jambe artificielle. Revoir le film après quelque soixante ans serait peut-être une expérience intéressante. Au final, j’ai du mal à classer cet objet parmi les films dont je me soucie. Belles images et belles couleurs certes,  mais j’ai besoin d’une intrigue, d’un étai, d’une structure. Cette série de vignettes domestiques (au dialogue faux et philosophiquement mal agencé) ou documentaires (l’empaquetage du jute transporté à dos d’homme, la préparation et la célébration des fêtes des saisons, la turbulence du bazar) n’arrive ni à donner l’impression qu’on suit le journal d’une adolescente amoureuse, ni même à créer de l’émotion avec l’enterrement – si l’on ose dire – du garçonnet dans son petit cercueil porté à l’épaule et pudiquement disparaissant une fois chargé sur un sampang avec sa couronne de fleurs (va-t-il rejoindre les gavials du Gange alors que sa famille est britannique d’origine ?). Non, non, Renoir…Redonnez-nous « La Grande Illusion », « La Règle du Jeu », « La Vie est à nous », « Le Crime de M.Lange »,  « Une Partie de Campagne », « Boudu sauvé des Eaux » ou « Elena et les Hommes » : ça c’était du cinéma. Pardonnez-moi de ne pas inclure « le Fleuve » dans vos trésors…

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 09:02

         Déjà lorsque j’étais en classe primaire – peut-être au cours supérieur, oui sans doute tout de même, la subtilité de ce point de style dépassant le niveau mental du cours moyen même dans sa section CM2 – on nous mettait en garde, et sévèrement, contre les pléonasmes. Naturellement on n’employait pas ce mot barbare afin de ne pas nous traumatiser, mais de même qu’on bannissait la répétition hors de nos petites rédactions comme un mal à éviter, de même on dénonçait avec virulence ces répétitions de sens qui n’en avaient pas l’air. « Monter en haut » ou « descendre en bas » n’étaient pas des fautes trop dangereuses, bien peu d’entre ces petites filles les faisaient, ce qui permettait à toute une classe de s’esclaffer avec dérision.  Mais déjà « s’approcher plus près » avait besoin d’une dénonciation appuyée. On n’évoquait point alors dans la liste des bannissements souhaitables un « assez satisfait », car aucune des institutrices chargées d’épousseter la pratique de la langue n’avait fait de latin et ne se choquait d’une duplication déguisée. Toutefois on criait Haro ! sur « un éclair fulgurant », sur « un soldat militaire », sur « un petit mot de billet » pourtant si aimé des chansonniers. Ce n’était pas, comme avec Trenet, le jeu des contrastes, comme « Qu’elle est grande, cette petite ! » ou « Ces bas sont hauts » ; non,  c’était du sérieux, inutile de reprendre deux fois la même idée (quand on recule, cela peut-il être autrement qu’en arrière ?). Et « se dépêcher vite » … Nous étions bien mises en garde. Le fait-on maintenant dans les écoles? On voit tant de « cadeaux gratuits »,  de « régimes minceur pour maigrir », d’ « arcanes mystérieux » qu’on peut se demander si le sujet a jamais été abordé. Et ce matin je découvre qu’on m’offre  un « jeu ludique »  - pourquoi pas un « étouffe-chrétien bourratif » ?

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 10:57

Chaque fois que j’entends un commentateur sportif utiliser le verbe « supporter » pour désigner les aficionados du ballon rond ou ovale qui sont venus en foule « encourager » ou plus exactement « soutenir » leur équipe favorite, je grince des dents. Vous imaginez bien qu’en fonction de cet emploi imprévu de ma dentition, j’aurais eu intérêt à être dotée dès l’enfance de dents de lapin – celles, vous savez, qui doivent être impérativement limées par une activité buccale incessante de l’animal, sans quoi il risque un entrecroisement fatal des mâchoires du haut et du bas puisque ces fameuses dents poussent sans arrêt : c’était peut-être la meilleure manière de m’assurer qu’en fin de vie je pourrais encore disposer du coefficient masticatoire suffisant. Toujours est-il que les populations qui font du sport dans les tribunes ignorent probablement que « supporter » en français veut dire « tolérer avec plus ou moins d’impatience », elles s’imaginent que le franglais leur garantit une allure active de dynamisme et d’énergie. Au fond, depuis le temps que cette incongruité de vocabulaire semble avoir été acceptée, je ferais mieux de ne plus grincer des dents. Il y a en effet mainte autre occasion de s’irriter  des détournements ridicules du sens des mots : ne viens-je pas de trouver, en feuilletant distraitement un catalogue de grandes surfaces (là où les Canadiens vont « magasiner »), une promotion de « tartes grillées » ? Apparemment ces tartes sont recouvertes d’une croûte qu’on a étirée comme un grillage, et c’est assez joli, mais en vérité elles sont étiquetées comme sortant du four après qu’on les y ait oubliées…J’ajoute la tarte grillée à ma collection de monstruosités, mais cela ne me donne pas envie d’y goûter.

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 09:21

         Voilà mes appareils du rayon électronique complétés par un scanner qui me fait sentir comblée. Dites-moi pourquoi je n’aurais pas un scanner moi aussi, puisque les autres en ont un ? Par chance, l’adjonction de l’instrument a pu se faire sans trop augmenter le volume de tous ces mécanismes : la modestie de l’occupation au sol de tout ce matériel était la condition absolue à ce projet d’achat, mon grand bureau devant obligatoirement conserver côte à côte les trois panières destinées au sommeil de trois chats spécialisés en bureautique lorsque je travaille à mon PC. Je crois que la fonction (ou les fonctions peut-être) assurées par ce scanner sont déjà depuis quelques années incluses dans le fonctionnement des PC récents : c’est du moins ce qu’on m’a laissé entendre avec ironie pour rabattre mon caquet  de sous-douée (« Moi maintenant j’ai un scanner » etc ). En gros : « Mais il y a longtemps que tout le monde a un scanner inclus , pas la peine de vous vanter d’être si  sottement retardataire »). Je mets donc un bémol à ma satisfaction de nouveau propriétaire et à mon sens du progrès : j’ai désormais un scanner, comme tout le monde même si chez moi c’est une pièce rapportée qui témoigne de la vétusté de mes outils – oui, j’ai bien un scanner, mais pour faire quoi ? Permettre, m’a-t-on dit, le transfert de diapositives – oui, mais quand on n’a pas de diapositives à transférer ?

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 09:38

         Il m’arrive de penser avec attendrissement à cette frénésie pétillante (ou tout aussi bien à cette sérénité indolente et sûre d’elle) avec lesquelles entrait en contact avec mes blocs le bic qui armait ma main laborieuse. Les rythmes ont dus être revus – ni à la baisse ni à la hausse : il s’agit d’un contact tout autre où le rythme a pris une allure beaucoup moins pulpeuse, beaucoup plus technique. Le contact – ou la rencontre – se produisait lorsque le flux arrivait, commençait à sourdre des profondeurs, s’apprêtait à déborder ; il fallait alors transcrire dans la hâte, afin de ne rien perdre de ce qui se présentait tout seul à l’esprit, déjà bien en ordre de marche, tout juste bon à cueillir. Avec les mécanismes contemporains dont je tente d’écarter de moi le plus loin possible les incidences complexes, le processus est différent : je n’ai plus l’impression d’une fontaine dont il ne faut rien laisser perdre dès qu’elle se met à couler, je dois d’abord me mettre en posture de croire, comme disait Pascal taraudé par d’autres problèmes que les miens. Il ne me semble plus que frémit sous ma main un coursier plein de pétulance dont il va même falloir de temps à autre freiner les caracolages (oui, aujourd’hui j’ai envie de dire caracolage, est-ce que ça gêne quelqu’un ?). Il me faut déjà vérifier que la mécanique est en ordre de marche, que le réservoir est plein, que les pneus sont gonflés comme il faut, et naturellement une fois lancé le véhicule poursuit fièrement sur son erre, mais ce n’est tout de même pas comme un poney sauvage chevauché à cru.

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